Voilà bien longtemps qu’ Auvillars n’avait pas connu un tel événement !
Après des siècles de culture de la vigne sur la commune (jusqu’à 90 hectares au XXe siècle), elle a peu à peu disparu du paysage, victime surtout de la terrible attaque de phylloxéra à partir de 1875. Quelques petites parcelles ont survécu jusque dans les années 1990, puis ont laissé place à d’autres cultures ou aux terrains à bâtir.
Mais voilà que Benoît Kilian, jeune vigneron passionné, découvre au début des années 2000 quelques parcelles rescapées sur Auvillars, nichées à flanc de coteau dominant la plaine de la Saône, 1,2 hectare au total.
Il les rachète en 2018 et dès lors s’en occupe avec un soin infini, respectueux de la biodiversité et du patrimoine qu’il a entre les mains : certains pieds de pinot noir ont 90 ans, il les fait multiplier par un pépiniériste pour préserver leurs qualités originelles.
Sur ces parcelles, on trouve également des cépages aussi différents que le melon, le gamay ou l’aligoté. Elles sont cultivées en biodynamie, traitées essentiellement avec des produits naturels, très peu de sulfate de cuivre. Le désherbage est manuel.
Le vin que produit Benoît est le fruit d’assemblages savants qu’il concocte dans sa cuverie à Trugny, il fait sa « cuisine », comme il dit. Ses bouteilles sont étiquetées non sans humour « Domaine de la Côtelette », clin d’ oeil à l’ancien propriétaire Guy Bussière. Un vin tout simple, velouté, dont les arômes s’affinent au fur et à mesure de la dégustation.
Ce 16 septembre 2023, il pleut pour démarrer les vendanges, le ciel ne se dégagera que l’après-midi. La famille et les amis sont là, il faudra 2 jours pour tout finir.
Benoît n’est pas mécontent du résultat : la récolte est abondante malgré de nombreuses grappes qui ne sont pas arrivées à maturité et des fruits (le pinot surtout) desséchés par la canicule sur le flanc ouest. Le raisin blanc est plus résistant, il n’a pas été touché. La perte est estimée entre 10 et 20%.
Fort de cette expérience réussie, Benoît a des projets en cours de réalisation sur Auvillars. La famille de Cointet lui a confié la tâche de replanter le coteau sous le château. Et dans l’ancien potager, il plantera non seulement de la vigne mais aussi des arbres fruitiers dont le système racinaire favorise la captation de l’eau. Tout en gardant l’architecture ancestrale du lieu, bien sûr.
A suivre…