Après 5 ans de travaux, Notre-Dame de Paris renaît de ses cendres.
Architectes, historiens, politiques y sont tous allés de leur projet pour sa reconstruction, mais c’est finalement l’idée que Notre-Dame devait rester fidèle à elle-même qui l’a emporté (suivant la Charte de Venise, la restauration des Monuments Historiques est réalisée selon le dernier état connu). Et ainsi, la charpente ne sera ni de métal, ni de béton, mais bel et bien de bois. Mais pas n’importe lequel : le chêne, le roi de nos forêts. Quelques 1 200 arbres seront nécessaires, donnant ainsi le nom de « forêt » à cet ouvrage extraordinaire.
Mais d’où viennent-ils, ces arbres ? Ce matin, en me promenant en forêt de Cîteaux, j’admirais comme à chaque fois ces géants tranquilles en regrettant un peu qu’aucun d’entre eux n’ait eu la chance de rejoindre Paris. La raison est pourtant simple et logique : le cahier des charges imposé pour la reconstruction est très rigoureux en ce qui concerne la taille, le diamètre, l’absence de nœuds…
La nef nécessite des arbres de 40/45 cm de diamètre pour 12 à 13 m de long. La flèche quant à elle a besoin d’arbres d’un diamètre supérieur, dont une dizaine de 1m de diamètre et 20 m de long.
La différence de taille s’explique par le fait que la nef a été construite au Moyen-Age et qu’à cette époque, il y avait peu d’outils pour soulever de grosses charges et que les forêts d’ Ile-de-France étaient pauvres en gros bois. La flèche, érigée en 1860 par Viollet-le-Duc, a bénéficié des progrès techniques dans la manipulation des charges lourdes.
Les plus gros arbres viennent des forêts domaniales françaises qui contiennent des sujets exceptionnels de parfois plus de 200 ans. Car la France peut exploiter des arbres plantés avant la Révolution, ce qui est une quasi exception. On a puisé entre autres dans la forêt de Bercé, à côté du Mans, labellisée « forêt d’exception ». Depuis le XVIIe siècle, on élevait des chênes pour la marine royale (idée du ministre de Louis XIV, Colbert, pour rivaliser avec la marine anglaise).
Mais les forêts privées n’ont pas été en reste. Beaucoup de candidats, peu d’élus…une centaine de chênes bourguignons tout de même auront une seconde vie dans la « forêt » de Notre-Dame. L’honneur est sauf !
Maquette de la flèche de Notre-Dame, XIXe siècle, musée Carnavalet, Paris