En mai 2022, les habitants d’Auvillars, consultés par la mairie, s’étaient prononcés à 97% contre le projet d’installation d’éoliennes sur le territoire de la commune. Le maire et le conseil municipal avaient suivi, tout en regrettant de devoir renoncer aux « recettes importantes » générées par le projet (Bien Public du 15 juillet 2022).
Des communes voisines ont également décliné l’offre. Des associations locales comme PTP (« Protège Ton Pays ») et « Eole à bout de souffle » ont largement soutenu les opposants à ce type de projet en informant de façon très précise les habitants, allant même jusqu’à porter l’affaire devant la justice.
Car le projet éolien nommé Parc des Rives de Saône a bien fini devant la justice. A l’origine, il prévoyait l’installation de 16 éoliennes sur le territoire, mais plusieurs communes ont dû faire face au mécontentement de leurs habitants. Avec les associations, ils ont déposé un recours en préfecture. S’en est suivi un avis défavorable au projet, émanant de la Direction Générale de l’aviation civile, compte-tenu de la proximité des éoliennes avec l’aérodrome Dole-Tavaux (septembre 2022).
Le Préfet donne donc également un avis défavorable.
Côte d’or Energies, promoteur du projet, porte l’affaire devant la Cour d’Appel de Lyon qui rend son verdict en mars 2024 : le Parc des Rives de Saône ne verra pas le jour. Le promoteur fait savoir en juillet qu’il ne fera pas de recours en Conseil d’Etat. Fin de l’histoire…
Mais franchement, qui aurait envie de voir sa commune ressembler à Guigneville, dans le Loiret ?

Pas très loin d’Auvillars, dans la vallée de l’Ouche, c’est un autre projet éolien, les Grands Communaux, qui vient d’être refusé par le Préfet. Cette fois ce sont 13 éoliennes de 180m qui étaient prévues. Le hic : elles seraient implantées en pleine forêt protégée Natura 2000, nécessitant le défrichage de 15 ha d’arbres et menaçant tout un écosystème. Encore une fois, ce sont les associations, fortes de plus de 10 000 signataires, qui ont pointé toutes les incohérences du dossier. Car comment croire un promoteur qui s’engage à mettre des caméras et des capteurs thermiques sur les éoliennes pour détecter oiseaux et chauves-souris à distance et pouvoir ainsi stopper les éoliennes si un animal approche… On reste rêveur ! Et on se réjouit de pouvoir encore admirer des paysages intacts comme celui de la vallée de l’Ouche.

Alors que penser de tout ça ? Les promoteurs sont-ils les gentils sauveurs de l’humanité et les opposants des méchants écolos bornés ? Pas si simple.
Une chose est sûre, il faut changer notre utilisation de l’énergie. Et surtout rester pragmatique devant les tonnes d’informations qui nous sont données sur le sujet. Mais encore une fois, comment croire les promoteurs quand ils annoncent qu’une éolienne alimentera de 37 500 à 70 000 foyers annuellement…hors chauffage et eau chaude ! Si c’est uniquement pour l’éclairage du frigo, le jeu n’en vaut vraiment pas la chandelle…
Les élus y voient une rente financière confortable, les riverains le massacre du paysage et la perte de valeur de leur bien, et les amoureux de la nature la destruction de l’environnement. Ils sont tous légitimes mais une chose est sûre, n’en déplaise aux promoteurs : une éolienne n’est pas écologique, et pour plusieurs raisons.
D’abord les matériaux utilisés ne sont pas recyclables , les 1000 tonnes de béton sur 2m de profondeur pour le socle restent dans le sol après la « mort » de l’éolienne, au bout de 25 ans ; ensuite le transport des pales et des mâts nécessite de nombreux camions sur des distances variables; puis des zones naturelles entières sont sacrifiées sans compensation digne de ce nom; enfin les incendies d’éoliennes deviennent un problème inquiétant (cf l’étude publiée sur voix-vallee.fr). En effet, avec le changement climatique, le risque d’incendie de forêt est fortement accru ainsi que les orages (la Côte-d’Or est un des départements les plus touchés par la foudre). Et un incendie d’éolienne ne peut pas être éteint, les lances des pompiers sont trop courtes. Les divers matériaux d’une éolienne sont inflammables et dégagent alors des gaz toxiques, des débris potentiellement dangereux sont dispersés, dont des nanoparticules qui contaminent l’eau, l’air et la terre.
Devant le spectacle d’une éolienne en feu, on peut s’inquiéter, non ?
(photo prise dans la Drôme, « vents libres sur nos collines » epaw.org)

Ce 1er février 2025, l’association PTP a organisé une réunion à Franxault. Son président, Pascal Chénier, a dressé un état des lieux de la situation actuelle et présenté un argumentaire « enquête publique ».
Il a commencé par rappeler que localement, nous ne sommes plus protégés de fait et qu’il faut rester vigilant. En effet, pour accélérer l’installation des énergies renouvelables (éolien ou photovoltaïque), on a raccourci les délais d’instruction des projets : les préconisations des services instructeurs et des entités environnementales ou les avis négatifs des autorités aériennes militaires et civiles ne permettent plus désormais de suspendre l’avancée des projets.
Ensuite, il a posé un cadre autour des procédures d’installation en rappelant quelques données importantes indispensables pour bien comprendre les enjeux :
chaque pays a le choix de ses moyens de production (§2 de l’article 194 du Traité de Fonctionnement de l’Union Européenne), ce qui signifie que tout mettre sur le dos de l’Europe est assez malhonnête ;
la France est le pays européen le plus vertueux en matière de production électrique car 95% de sa production est décarbonée, elle assure ses besoins et exporte massivement (elle émet 10 fois moins de CO2 que l’Allemagne) ;
EDF, entreprise d’ Etat, est obligée d’acheter l’électricité dite « verte » à un prix très élevé et subit donc des pertes d’exploitation conséquentes…et les usagers sont étranglés par les prix en très forte hausse de l’électricité ;
contrairement aux publications du lobby des renouvelables, tous les organismes indépendants soulignent les aspects ravageurs sur l’environnement, la biodiversité, le patrimoine et le cadre de vie (constat de la COP 16 en octobre 2024) ;
ce système d’énergie « verte » est largement financé par l’argent public.
Et la conclusion est toujours la même : le jeu en vaut-il la chandelle ?…car personne n’est à l’abri, comme le montre ce projet en Saône-et-Loire, au pays de Lamartine.
