C’est assez troublant de voir combien les haies et petits bosquets disparaissent doucement mais sûrement de notre environnement. On n’y prête pas forcément attention et lorsqu’on en prend conscience, il est déjà trop tard. Mais comment en est-on arrivé là ?
Jusqu’à la fin des années 1980, à Auvillars, notre paysage était façonné par l’activité d’élevage des exploitations agricoles. Les prairies qui bordaient la Saône étaient encadrées par des haies champêtres, régulièrement taillées par les exploitants. Et puis l’élevage a été abandonné au profit de l’agriculture, principalement céréalière. Arrachés les bosquets et les haies qui abritaient le bétail en été. Les conséquences les plus visibles sont l’uniformisation du paysage et un vent désagréable qui souffle à travers champs, il n’y a plus rien pour l’arrêter. Moins visible, mais dramatique, la disparition des petits animaux à qui la haie offrait une réserve de nourriture et un abri sûr. Plus d’oiseaux (on en a perdu 30 % en 30 ans) et c’est la prolifération des insectes et autres nuisibles qu’on combat à coup de chimie ; plus de petits animaux et on est obligé de lâcher du gibier à l’ouverture de la chasse…
Les malheureuses haies qui ont échappé à cette destruction massive sont parfois victimes de saccage volontaire incompréhensible.


Officiellement, la France perd 20 000 km de haies par an et la destruction se poursuit et s’accélère. Alors que dit la loi ?
Côté agriculture, le Code de l’urbanisme et le Code rural réglementent la gestion des haies : une démarche administrative est nécessaire avant de porter atteinte à une haie, les tailles sont interdites entre le 15 mars et fin août pour ne pas perturber la nidification des oiseaux et la suppression définitive est interdite pour les agriculteurs bénéficiaires de subventions européennes. De plus, les coupes « rases et répétées » peuvent être considérées comme une « altération ou une dégradation ». Mais c’est apparemment insuffisant puisque le massacre continue.
Quant aux particuliers, aucune obligation, juste une « invitation » à ne pas tailler entre le 15 mars et fin août. Et toujours plus de murs pour clôturer une propriété, plutôt qu’une jolie haie champêtre…
Les hortensias de la rue corne sont un cas d’école : depuis qu’un riverain les a arrachés (ils appartenaient à la commune), les voitures ont laissé de belles ornières en se garant là, les eaux pluviales ne sont plus absorbées et se répandent où elles peuvent. Désolant…

