Parmi les communes qui nous entourent, il n’y en a aucune qui fait l’impasse sur le nom du général Matthias Gallas lorsqu’il s’agit d’évoquer le passé. Ce militaire autrichien du XVIIe siècle est décrit partout comme un monstre sanguinaire qui a semé la terreur dans toute la région, la laissant exsangue jusqu’à Dôle.

A Auvillars, on connaît cet épisode où Gallas et sa troupe de croates ont dévasté le château et massacré ses occupants à l’automne 1636. Mais qui était ce Gallas ?…

Cet épisode dramatique a eu lieu pendant la guerre de 30 ans (1618/1648), qui opposa le royaume de France au saint empire germanique. Mais pour en comprendre l’origine, il faut remonter près de 2 siècles en arrière, à la mort de Charles le Téméraire, dernier duc de Bourgogne, en 1477.

A cette époque, la Bourgogne est puissante, elle comprend un duché et un comté (qui deviendra la Franche-Comté) de chaque côté de la Saône. Marie de Bourgogne, 20 ans, fille unique du Téméraire, en est l’héritière.

carte duché bourgogne

Le roi de France Louis XI s’empare de Dijon et du duché sur la rive droite de la Saône. Marie épouse Maximilien de Habsbourg, futur empereur d’Autriche, et « la Comté » tombe dans l’escarcelle de l’empire.

Une instabilité religieuse et politique se propage au sein de l’empire : la France en profite pour contrer les Habsbourg dont elle voit la puissance d’un mauvais œil. Une série de conflits armés commence alors.

Le 2 septembre 1636, le général Matthias Gallas est promu au commandement de l’armée lorraine et impériale, et reçoit l’ordre officiel d’envahir la Bourgogne, le but principal étant de prendre Dijon. Cette armée est constituée principalement de mercenaires croates. Leur parcours est semé de villages incendiés, population massacrée, torturée. Des scènes d’anthropophagie ont été rapportées.

A l’automne, nos villages du val de Saône sont touchés, les pires atrocités sont commises. C’est la consternation, le pillage, la ruine. Certains villages mettront des années à s’en remettre, une grande partie de la population est décimée.

Avant de s’attaquer à Dijon, Gallas décide de prendre Saint-Jean-de-Losne pour installer les quartiers d’hiver de ses troupes.

La ville est faiblement protégée car l’armée française vient de partir. Mais avec 150 hommes, 8 canons et une centaine de mousquetaires venus de Seurre, elle va se défendre bec et ongles contre les assauts répétés de Gallas, du 26 octobre au 2 novembre.

Finalement, c’est une météo extrêmement pluvieuse et une crue de la Saône qui achèveront Gallas : son camp est inondé, vivres et armes sont emportées par les eaux. Il est obligé de partir et se replie vers la Comté, laissant de nombreux morts dans ses rangs.

Après cette héroïque résistance, Louis XIII récompensa la ville en l’exemptant d’impôts.

Un monument est érigé en 1890 pour commémorer l’événement. La ville célèbre cette victoire tous les 50 ans. Rendez-vous en 2036 !

Mais revenons à Gallas. Qui est-il ? Né en 1584 en Italie, dans une ancienne et riche famille d’une province autrichienne, il embrasse très tôt la carrière militaire et offre ses services à qui veut bien de lui. Ses succès le font vite remarquer par l’empereur d’Autriche. Il est alors anobli.

Devenu très riche, il laisse libre cours à ses défauts : il boit comme un trou et s’empiffre de façon scandaleuse devant ses soldats affamés en ces temps de disette.

Après l’échec du siège de Saint-Jean-de-Losne, il commet beaucoup d’erreurs stratégiques et il est relevé de son commandement sous de nombreuses moqueries. Vieilli et usé par la vie militaire, mais richissime, il se retire et meurt à Vienne en 1647. Il laisse derrière lui une renommée effroyable : son armée est considérée comme la bande la plus cruelle de la guerre de 30 ans.

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